Homélie du Père Petrica Cautis - 2012

  • Posted on: 22 February 2016
  • By: delia

Le Seigneur nous parle aujourd’hui sur la manière de porter la Croix. Pourquoi y a-t-il tant d’occasions pendant l’année liturgique où l’on se réfère à la fête de 14 septembre? La raison en est que l’enseignement sur la Sainte Croix n’est pas quelque chose de moindre importance, ce n’est pas dû au hasard. On peut parler beaucoup sur ce thème, il y a beaucoup d’aspects à nuancer, il y a aussi beaucoup d’aspects que l'on doit laisser travailler  dans notre vie.

À travers Ses mots dans L’Évangile, notre Sauveur essaye de nous apprendre ce que signifie la Croix pour chacun de nous. Il y a quelques étapes avant de prendre la Croix.

« Si quelqu'un veut venir après Moi ... ». La seule chose qu’on a sous la main et entièrement nôtre, est notre liberté. Nous pouvons faire ce que nous voulons avec notre temps, nous pouvons être le dimanche à l'église ou ailleurs, nous pouvons être dans nos lits ou occuper nos emplois, nous pouvons être chez nos amis ou chez nos parents, nous pouvons être en face de la télévision ou de l'ordinateur, nous pouvons être dans de nombreux autres endroits, et pourtant certains de nous choisissent <<d'officier>> dimanche la liturgie ensemble avec le prêtre. On peut répondre à l'amour de Dieu ou non, on peut réaliser l'amour de Dieu ou non, on peut se rapporter d’une manière ou une autre à l'amour de Dieu, on peut être indifférent, on peut être superficiel, on peut s’indigner de l’ordre ecclésiastique, de l'ordre de Dieu, on peut faire beaucoup de choses. Et tout cela appartient seulement à notre décision.

« Se débarrasser de soi-même ». Dans autres langues cette phrase est traduite par la négation de soi, par l’action de ne se mettre pas en avant, de se laisser derrière les autres. Se débarrasser de soi-même signifie qu’on laisse notre orgueil, on laisse notre égoïsme. D’après moi, l'homme qui souffre d’égoïsme ne peut pas recevoir la Communion. Que cherchez-vous chez le Christ quand vous vous occupez seulement de vous, qu’est-ce que le Christ peut faire avec votre vie, que Dieu peut-Il faire avec votre esprit, vos sens? Nicholas Steinhardt disait dans un très beau langage que ce n’étaient pas les clous qui tenaient crucifié le Christ, mais Son amour pour le monde. Qu’est que vous cherchez chez le Christ, qui a donné Sa vie pour nos péchés et qui toute Sa vie s’est mis au service du prochain, qui a été attristé pour les péchés de Ses contemporains, qui a pleuré pour les apôtres? Comment pensez-vous vous unir avec le Christ si vous ne vous souciez pas de l'autre?Maintes fois, les gens endorment leur conscience en faisant miséricorde et en croyant que c’est suffisant.

À mon avis, on ne peut pas recevoir la Communion si on offense les autres, si on attriste les autres, si on se met en colère, si on juge, si on calomnie, si on pense qu’on est meilleur que les autres. Se débarrasser de soi-même signifie mettre votre prochain en avant, essayer de ne pas déranger, essayer de ne pas troubler, de ne pas irriter, ne pas oublier que la paix est plus grande que la justice, essayer de prendre soin de l'âme de l'autre, de faire plaisir à l'autre. Si vous saviez qu’il y a quelque chose que votre prochain aime et si cela n’est pas folie ou péché, vous devez le faire joyeusement. Si nous mettions notre vie au service des autres, Dieu serait proche de nous et notre vie serait beaucoup plus douce et plus propre.

« Prendre sa croix et Me suivre ». Que signifie prendre la Croix, assumer l’ordre de Dieu dans notre vie? Prendre la Croix signifie laisser Dieu polir notre être. Dans un hymne pour les défunts il est dit: « Ô Toi qui dans Ta profonde sagesse disposes toutes choses avec amour des hommes et distribues à chacun ce qui lui convient... ». « Disposer » signifie arranger, mettre en ordre, accorder.

La pétrification de nos cœurs, l’altération de nos esprit qui, troublé par le bombardement de la presse et crucifié par les plaisirs de ce monde, n'a pas le temps de discerner: « pourquoi cela m'est arrivé ? » ou de prier: « Seigneur, aide-moi à apprendre et à comprendre ce qui se passe dans ma vie ». Plusieurs fois, Dieu est obligé, forcé, fait même l’objet d’un chantage par notre dureté. Qu’Il fasse que nous puissions vivre dans certaines circonstances et dans certains contextes dans lesquels nous puissions nous calmer, nous humilier et nous rapprocher du mystère du notre prochain et du mystère de l'œuvre de Dieu.

Si Dieu nous aime, pourquoi permet-Il que l’on souffre? Il est difficile de comprendre que dans la souffrance et les peines, Dieu est présent et proche de nous et qu’Il veut que nous Lui demandions de aider à porter notre Croix. La Croix sera certainement difficile tant que les gens n’appellent pas Dieu pour les aider à la porter. Dieu pourrait en un instant enlever de nous tous nos problèmes, nous donner tout l'argent de ce monde, nous donner les meilleurs amis et faire qu’on ne manque pas de rien, mais nous ne le pouvons pas, parce qu’il faut que notre se fortifie, se modère. Lorsque l’esprit est tendu, lorsqu’il se trouve en difficulté, il faut le tourner vers la prière pour se calmer. Seules les peines peuvent agenouiller l’homme au sens propre et au sens symbolique du terme. Qu'arriverait-il si notre corps humain ne tombait jamais malade? Beaucoup de gens sombreraient tant dans leur méchanceté qu'il seraient très difficile de les arrêter. Nous le reconnaissons ou non, mais les problèmes quotidiens, les problèmes de santé font que nous nous rappelions plus de Dieu. Dieu ne fait pas autre chose qu’attendre pour notre ouverture à Lui.

Prendre sa Croix signifie s’agenouiller et demander «Dieu, pourquoi est-ce que je dois passer par cela ?». Et après avoir fait tout cela, il faut Le suivre. Malheureusement, nous vivons dans une société où les gens veulent un christianisme sans effort, sans enseignement de la foi, sans dogme. Ça n’est pas possible. Il faut savoir très bien l'enseignement de la foi, à savoir dans notre esprit, dans notre cœur pourquoi les choses sont ordonnées comme ça et pas autrement dans l’enseignement de l'église orthodoxe. Mais dans le même temps on ne peut pas le faire sans sans effort. On ne peut pas parler du Christ sans peine, sans fatigue, sans un minimum d'effort ascétique de jeûne, de prière, sans un peu d’effort de notre part. On se leurre en disant que nous avons le cœur pur, mais ce n'est pas comme cela. Les gens qui disent qu'ils ne font pas de mal et qu’ils pas besoin du jeûne, ce sont des gens qui mentent et qui trompent.

L'Église nous invite à comprendre que si seulement nous voulons répondre à l'amour de Dieu, si seulement nous voulons prendre notre Croix, si seulement nous nous débarrassons de nous-même, on peut suivre Christ. Et il n'y a pas de meilleur endroit pour notre être qu'aux pieds de Dieu.

Maintenant, on tombe à genoux devant Dieu car on a perdu l’état qu’on avait autrefois, c’est-à-dire de rester débout devant Dieu et de parler avec Dieu tête-à-tête. Maintenant, je pense qu'un chrétien ne peut regarder Dieu dans les yeux parce qu'il a honte de ce qu'il fait, il a honte de ce qu'il n’a pas fait et de ce qu’il pourrait faire, il a honte de les péchés qu’il pourrait éviter.

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