Père Arseny du monastère orthodoxe de « l' Exaltation de la Sainte Croix » de la Malvialle

  • Posted on: 22 February 2016
  • By: delia

Homélie lors du dimanche de la Sainte Croix

(18 mars 2012)

A mi-chemin du Carême, le dimanche de la Sainte Croix, nous avons reçu la visite du père Arseny et des moniales du monastère de la Malvialle en France, dédicacée a "L'Exaltation de la Sainte Croix". Ces sont de belles coïncidences – pour l’élévation de notre esprit et de nos cœurs en période de jeûne - qui ont donné l’occasion d’une réflexion du père, à propos d’un verset de l’Évangile du jour :

«Si quelqu'un veut venir avec Moi, qu'il cesse de penser à lui-même, qu'il porte sa croix et Me suive.» (Marc 8,34)

A partir d’un apophtegme venu du mont Athos: «Si l’on meure avant de mourir, on ne va plus mourir quand on va mourir», le père a montré l’existence de deux morts: la mort du corps, la fin de notre vie sur la terre et la mort spirituelle. Il donne l’exemple de la chute d’Adam et Ève du Paradis pour expliquer le deuxième genre de mort: «le jour où tu vas manger, tu vas mourir» - une mort qui a culminé par l’expulsion du Paradis, par la perte de l’ambiance de la communion avec Dieu.

Pourtant, s’il y a deux morts, il y a aussi deux résurrections: une résurrection corporelle et une résurrection spirituelle. Le Mystère de la Croix, qui se situe entre la mort et la résurrection, donne l’importance de cette compréhension, la croix étant le remède contre la mort de l’âme.

Que signifie-t-il "que l’homme cesse de penser à lui-même"? Le soi est expliqué par l’égoïsme, la fierté, le tout relatif à la mort dans laquelle l’homme est rentré le jour où il n’a pas obéi, l’abîme de la mort où il a trébuché. La croix y intervient; c'est l’obstacle dans la mort spirituelle, c’est la chose à laquelle on s’accroche en tombant dans l’abîme. Cesser de penser à soi-même signifie s’accrocher à la croix, se débarrasser de l’idée qu’on peut avoir une vie par soi-même, sans Dieu (p.ex. on s’accroche à la médicine pour être guéris), renoncer au soi qui me dit que je peux vivre par moi-même. C’est arriver au moment du réalisme, le moment de comprendre qu’on ne peut pas vivre par soi-même. Se débarrasser de soi-même équivaut à l’union avec le Christ.

Que signifie "que l’homme porte sa croix"? Porter sa croix équivaut au désir d'être sauvé de l’abîme par Dieu. La croix est le remède et le remède est présenté comme croix. Je désire la souffrance (du corps et de l’esprit) puisque je comprends qu’autrement je me dirige vers la mort. L’union avec Le Christ, en ne pensant plus à soi-même, réveille le corps et l’esprit, cela les transforme. Comment comprend-on alors la souffrance? Elle peut être vue comme l’abîme qui conduit à la mort (du corps et de l’esprit); pourtant son sens réel est celui d’un remède par lequel Le Christ t’aide à passer de la mort (de l’esprit) à la résurrection. La souffrance devient remède en premier lorsque l’on est content de tout ce que Dieu nous envoie, puisqu’Il sait mieux ce dont on a besoin, lorsque l’on sort des «pourquoi?-s»… Le chagrin est souvent vécu avec joie parce que Dieu est présent là-bas; le Christ nous donne son pouvoir pour résister face à la souffrance. La mort finira et on verra la résurrection.

Que signifie "suivre Le Christ"? Le Christ a pris sa croix, il est mort et il est ressuscité. Les paroles «que me suive» sont une promesse; celui qui va porter sa croix va murir quelques fois mais il va sans aucun doute ressusciter. Et voilà, la croix a été en même temps positionnée à mi-chemin du jeûne pour qu'on se rappelle de la Résurrection.

Dans une série des questions - réponses, on a cherché et on a trouvé auprès du père les idées et les interprétations suivantes:

Les "pourquoi-s?" chassent la grâce. Comment comprend-on sa croix? Comment l'accepter?

Si on demande "pourquoi?" cela signifie qu'on n'a pas compris le sens du mystère de l'union de Dieu avec l'homme. Qu'est ce que signifie toucher Dieu? Le Christ dit Lui-même dit, avant Son Ascension: "Ne Me touche pas, car je ne me suis pas encore monté chez Mon Père". Le Christ a demandé aux apôtres de persister dans la prière mais, après l'Ascension et l'envoi du Saint-Esprit, le Christ nous touche autrement: nous recevons une Personne par la Sainte Communion; c'est une Personne qui rentre dans nous, nous nous unifions avec le Christ. Le rencontre est sérieuse, le Christ devient perceptible en moi, Il me donne le pouvoir de faire ce qu'Il a fait. Les saints se soumettent eux-mêmes aux labeurs ascétiques simplement pour laisser le Christ se manifester en eux. Plus les souffrances proviennent de notre ascèse (auto-assumée), moins la souffrance apparaît contrainte. Pourtant, pour assumer des labeurs acétiques, quand on veut faire quelque chose, quand on souhaite pratiquer l'ascèse, on doit consulter son confesseur.

Comment aime-t-on ses ennemis?

En se rendant compte que le mal n'est pas l'acte de l'homme mais que derrière lui il y a un esprit maléfique, un démon; ce n'est pas l'homme coupable en premier lieu, mais le démon. Nourrissons nos consciences avec cela.

Comment combattre le mal?

On ne le combat pas, on se protège de lui – le Christ est parti au désert. Concentrons-nous sur le bien. On peut arrêter le mal uniquement par la prière.

Comment connaît-on la volonté de Dieu?

La volonté de Dieu t'apporte toujours la paix et un accomplissement intérieur. On la connaît quand on demande à chaque fois à notre père spirituel même quand on pense que c'est bon comme ça (son idée).

Comment s'humilie-t-on?

Le miroir est le Christ. Quand on se regarde dans le miroir, on sait comme on est. Pour se protéger de la fierté, on se regarde dans le miroir. C'est normal que les vertus se développent et il faut désirer cela. Avec le Christ on se développe multilatéralement, on doit voir cela dans tous les perspectives et dimensions. Plus on s’améliore, plus on voit mieux le Christ et on est de plus en plus humble puisque le Christ est beaucoup plus (en ne pouvant arriver point à sa mesure). La première vertu de celui qui s'approche de Dieu est qu'il ne sait pas "le niveau" où il est arrivé.

Une pensée pour améliorer notre paroisse/communauté ?

Qu'elle voie ses insuffisances. Qu'elle soit réaliste. Il n'y a pas de communauté parfaite ici sur la Terre.

 

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